Istanbul, Sliven : retrouvailles - Km 11112,27

Après un long trajet de quasiment 10h à travers la Turquie, nous arrivons au petit matin à Istanbul. Le voyage s’est bien passé malgré la tempête et la neige dehors. Nous aurons aperçu rapidement Ankara, où plutôt les lumières dessinant ses artères. On somnole un petit peu, pas trop car l’autocar c’est pas ce qu’on fait de plus confortable pour dormir... Au matin, après avoir traversé l’immensité industrielle de l'Est de la ville, nous sommes débarqués à Istanbul. Nous sommes contents de voir que nos bicyclettes, qui ont voyagé en soute, sont en parfait état. Nous les remontons tranquillement sur le petit parking de la station de bus et on repart à travers la ville pour retrouver notre ami Ahmet à la sortie d’une bouche de métro près de laquelle nous nous sommes donnés rendez-vous. Les quelques kilomètres qui nous en séparent sont plutôt calmes au niveau du trafic mais extrêmement vallonnés. Ça monte, ça descent ; on a l’impression d’être à la fête foraine ! Et puis après une nuit quasiment blanche, il faut aller puiser l’énergie pour monter ces raidillons urbains et garder la concentration de la navigation en ville.

Nous trouvons sans problème notre point de rendez-vous et alors que nous nous laissons réchauffer par quelques rayons de soleil, Ahmet et son joli sourire qui fait plisser ses yeux apparaissent ! Trop contents de le voir. Lui, il part travailler, alors l’échange est court. Il nous confie les clés de son appartement et après avoir papoté rapidement, on remonte sur nos bicyclettes direction Üsküdar (son quartier). Au loin, depuis les hauteurs du chemin qu’on emprunte (toujours côté asiatique), on se délecte de la vue sur la gigantesque Istanbul qui se réveille. C’est beau, immense, nébuleux. Une sorte d’ambiance suspendue se créée par les couleurs bleues et rouges, les sons plus ou moins lointains, les mélanges, les odeurs. On profite de cette douce effervescence et on savoure la chance de se retrouver une deuxième fois dans cette ville incroyable.

Il est un peu plus simple pour nous de retrouver l’appartement que la première fois que nous étions venus. On glisse la clé dans la serrure et on s’installe. Nos vélos à leur place et nos affaires aussi, comme la dernière fois. Ça nous fait tout drôle car nous ne sommes naturellement pas vraiment habitués à la répétition lors de ce voyage. Refaire ces gestes une seconde fois, dans le même lieu qu’il y a 2 mois et demi, ça nous donnerait presque l’impression de rentrer à la maison. Ça nous relaxe directement et on ne tarde d’ailleurs pas trop à faire une bonne grosse sieste, afin de récupérer un peu de cette nuit de transfert.

Vers midi, on se réveille, on mange et on part se promener dans les rues d’Istanbul. Nous choisissons d’aller flâner du côté du quartier Taksim, Derekoy et les quais d’Üsküdar qui se révèlent à nous sous un beau soleil. C’est bien agréable car en janvier, la première fois qu’on était passé, on s’était promené ici sous la pluie. En fin de balade, on s’accordera même une petite bière en terrasse car les restrictions s’apaisent et la ville reprend un peu de vie.

Le soir, nous préparons à manger pour Ahmet et nous sommes très heureux de le voir débarquer. On discute beaucoup, on rit et il est bluffé de voir notre « transformation » après plus de 2 mois à sillonner son beau pays. Il nous rend compte de toutes ces petites attitudes et gestes turcs dont on s’est emparé et qu’on a intégré inconsciemment. On commence à regarder ensemble un film turc tourné dans la Cappadoce, mais le début est d’un rythme bien trop lent pour me maintenir éveillé ; je pique du nez au bout de... 12 minutes. Direction le dodo !

Le lendemain Ahmet reçoit une solicitation d’un autre couple de voyageurs à vélo. Deux belges : Thomas et Céline. Comme Ahmet travaille encore aujourd’hui, nous avons pour mission de les accueillir. Là aussi, ça nous fait une drôle d’impression et en même temps, ça nous fait grand bien de pouvoir à notre tour être les accueillants. On fait connaissance avec Céline et Thomas et on passera quelques bonnes journées et soirées avec eux et Ahmet. Nous nous promenons dans Istanbul où nous nous improvisons, en toute humilité, guides touristiques pour voyageurs belges.

Nous profitons aussi de notre présence en ville pour faire un test PCR dans l’hôpital où travaille Ahmet et nous filons, dès les résultats en poche, à la gare routière d’Istanbul par le métro avec nos gros vélos. Nous partons de bonne heure l’après-midi afin d’éviter les heures de pointe et après avoir traversé tout Istanbul et trouvé notre compagnie de bus « HunTur » (c’était pas Attila qui conduisait), eh bah, on attend le départ.

Départ 17h30 pour Sliven. Sliven ? Ah oui, on ne vous avait pas dit ? Nous avons décidé de modifier un peu nos plans, de ne pas retourner à Sofia mais plutôt d’aller à Sliven sur l’invitation de Maria et Valéri chez qui nous étions passés tout début janvier. Cela nous permettra de leur rendre visite à nouveau et d’aller rouler nos bicyclettes vers le Nord de la Bulgarie afin de découvrir une autre facette de ce grand pays.

Le trajet est beaucoup plus long que prévu et le passage à la douane dure plus de 2h. Le bus sera entièrement vidé et fouillé ; ça nous permet de faire connaissance avec quelques passagers. Certains nous offrent même quelques biscuits, impressionnés par le récit de notre épopée. Nous arrivons finalement dans les faubourgs de Sliven aux alentours de 3h du matin (au lieu des 23h initialement prévues). Remontage des bicyclettes sur le trottoir, réinstallation des sacoches sur les portes- bagages, puis nous traversons la ville désertée, nocturne, jusqu’à la villa de Valéri, au pied de la grande montagne bleue. Sur la table nous attendent : un peu de raki, du fromage, du pain et des œufs. On ripaille un coup, comme si on rentrait de bal et on monte se coucher. Une nouvelle fois, nous avons un peu la sensation d’être à la maison !

Le lendemain, Valéri nous rejoint. On est très heureux de le voir, presque ému. Il nous entraîne avec son énergie naturelle dans une belle randonnée dans les alentours de Sliven. Les jours qui suivent, il nous concocte un super programme ; tantôt à bicyclette, tantôt à pied. On fera même une sortie cyclotourisme jusqu’à Yambol avec le club de la ville. Ils nous embarquerons aussi, avec Maria, et cette fois en auto jusqu’au Bouzloudja qu’on découvre sous une neige tombante. Belle expédition ! Ils nous préparent de bons petits repas et nous n’avons pas tellement le choix que de nous mettre les pieds sous la table. Au final, nous resterons presque une semaine, et malgré les tentatives de Maria et Valéri de nous retenir encore un peu, nous réussissons, au bout d’une à petite semaine, à nous échapper ! Direction la montagne et le Nord pour rejoindre le Danube.

Ces quelques jours de repos nous ont fait du bien et ont permis de laisser passer une semaine de météo capricieuse qui ne nous permettait pas de passer le grand Balkan sereinement. Désormais, la neige a dû fondre et nous allons pouvoir nous élancer à nouveau, bien heureux de découvrir une autre facette – sans doute un peu plus sauvage – de la Bulgarie.

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