Pause dans la douceur d’Antalya - Km 10213,98

Nous y voici : Antalya. Que de routes magnifiques pour arriver jusqu’ici. Des paysages époustouflants d’une beauté rare et des températures qui nous ont bien réchauffées. Le tout agrémenté de rencontres à n’en plus finir. On éprouve un sentiment de satisfaction d’avoir fait le choix de pousser notre route jusqu’ici. Les soucis mécaniques ? On n’y pense même plus depuis notre passage chez Ali à Izmir. Plus de crevaison. De quoi nous concentrer pleinement sur la force des paysages et sur l’engagement physique que l’itinéraire nous demandera.


En effet, les routes sont dures et admettent des pourcentages redoutables. Pas toujours simple. Heureusement la route continue d’être ponctuée par de sympathiques et riches rencontres comme celle avec Ersin à Dalyan alors que nous venions de longer le somptueux lac de Köyceğiz. Rencontre au hasard puisque c’est le GPS qui nous avait indiqué un magasin de vélo dans le petit village : « bamboo bike ». On s’y pointe avec la certitude confirmée par le voyage que la curiosité est un bon allié. L’endroit est calme et quelques notes de ukulele s’échappent de l’habitation. C’est Shoyun. Il vient à notre rencontre sans quitter son instrument et nous invite à boire un thé en attendant le propriétaire des lieux.


C’est environ 1h plus tard que Ersin débarque avec sa dégaine « baba cool », tout surpris mais heureux de nous voir. Il avait été prévenu de notre arrivée. Sans que nous ne demandions rien, il nous installe dans sa petite maison-atelier. On y restera le lendemain toute la journée. Ce sera l’occasion pour nous de jouer un peu de musique et de rencontrer pas mal de ses copains musiciens. On profitera du beau dimanche ensoleillé pour aller dans la maison de Farda qui se situe quelques kilomètres plus loin, en pleine campagne. Une sorte de maison du bonheur autour de laquelle les poules et les copains circulent dans une belle liberté. Ça s’embrasse et ça s’émerveille devant les fleurs, la musique ne s’arrête pas et les sourires sont puissants. La journée est ressourçante. 


En rentrant à l’atelier, on discute un peu avec ce mystérieux cycliste japonais lancé dans un tour du monde de 7 années. Il est ici depuis plusieurs mois, attendant que la situation sanitaire et les fermetures de frontières qu’elle engendre soient plus favorables au voyage. Il semble avoir trouvé là un petit havre de paix. Son calme et son attitude mystérieuse nous offrent une belle respiration.


C’est le premier jour de mars et nous repartons de Dalyan. On continue de traverser ces paysages époustouflants entre mer et montagne. Nous passons Fethiye pour grimper vers la splendide vallée des papillons. Nous posons entre temps la tente proche de Kayaköy, un village devenu ville fantôme suite au départ des populations grecques d’Asie Mineure et à un séisme survenu en 1957.


Côté bicyclette, la route devient de plus en plus exigeante ; avec des pourcentages diaboliques. Nos organismes sont mis à rude épreuve mais toujours reboostés par les brèves rencontres sur le chemin et par les cadeaux (souvent de la nourriture) qu’on nous offrent au bord de la route. On pousse souvent les vélos, longtemps. Les descentes se font à tombeau ouvert ; on fait fumer les freins et des larmes viennent couler lentement sur le coin de nos yeux émerveillés.


Nous continuons avec une douce détermination notre avancée vers le Sud. Pique-niques sur la plage, visites de sites antiques. Les vues sont absolument grandioses, la mer est turquoise, les montagnes sont verdoyantes et enneigées sur leur sommet. La température est franchement agréable et les gens que nous croisons montrent une générosité difficile à relater ici. 


Nos bivouacs sont drôlement diversifiés ; parfois, c’est facile, parfois c’est un peu plus « roots ». À Bogazici, on posera notre tente près du portrait poussiéreux du fameux Atatürk dans une école désertée par ses écoliers. À Demre, après avoir traversé une mer de serres où la culture intensive de tomates semble vivre de belles heures, nous posons la tente dans un petit camping près du port ; l’occasion pour un journaliste local de nous interviewer. À Kaş, on s’installe à la lumière de nos frontales sur une plage après avoir cherché longtemps un coin tranquille autour de la ville. À Kemer, on squatte avec l’approbation bienveillante de voisins le parc d’un hôtel 5 étoiles…


Ces belles journées de vélo à longer la côte sont loin d’avoir été de tout repos. Beaucoup de dénivelé, des routes parfois accidentées aux revêtements caillouteux. Nous sommes donc heureux de rejoindre Antalya le 7 mars et d’être accueillis chez Ben, un expatrié américain installé depuis peu dans un grand appartement de la ville. Il y accueille déjà un autre couple de français, Janice et Coco qui sont là depuis quasiment un mois. Eux aussi voyagent à vélo. Ben qui part prendre quelques jours de vacances du côté d’Izmir nous laissera d’ailleurs son appartement en toute confiance et on passera de bien bonnes journées en compagnie de nos compatriotes voyageurs. On y fera aussi la rencontre d’Amélie et Gustave, deux voyageurs en van qui partent vers l’Est. Nous profitons de ces chouettes rencontres et de la douceur de la ville pour passer d’agréables soirées, se préparer de bons petits plats, faire des balades. C’est aussi l’occasion d’échanger avec Janice et Coco sur le voyage, sur le monde qui nous entoure, sur nos vies, sur le féminisme, etc. Ces 4 jours de repos nous font le plus grand bien et, rechargés à bloc, on décide de remonter sur nos bicyclettes vers le Nord en direction du fameux parc des Cappadoces. Pour se faire, nous passerons par le lac d’Eğirdir, par celui de Beyşehir, puis par les villes de Konya et d’Aksaray. C’est l’itinéraire, après avoir bien étudier les cartes,  qui nous semble admettre le dénivelé le plus progressif tout en passant par de chouettes coins. Nous nous préparons aussi psychologiquement à changer de climat car nous allons monter sur le plateau et on devrait y trouver une météo un peu moins clémente. L’aventure continue et ça nous réjoui !

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