Col du Llogara, Orikum - Km 6188,7

Il y a des jours où on a besoin de concentration. Aujourd’hui, on a un sacré objectif : passer le col de Llogara à un peu plus de 1000 mètres et rejoindre la petite ville côtière d’Orikum. On s’arrête dans un des derniers villages avant le début du col afin de boire un café et faire des provisions. On dégote un joli collier de figues séchées dans une épicerie ainsi que des oranges, quelques gâteaux et deux « Snickers ». Ça devrait faire l’affaire pour la quinzaine de kilomètres d’ascension qui nous attend. Pas besoin de plus se charger, on a bien assez de poids. Juste avant ce genre de « challenge », on se sent tout excités, envahit d’une énergie sportive incontrôlable qui nous motive à bloc ! Nous voici dans l’ultime hameau, on ne cause plus, déjà focalisés sur notre respiration, les coups de pédales et la gestion de l’effort. Le regard est fixé droit devant sur les lacets qui se dessinent sur la montagne. 

Nous avons fait le vide autour de nous quand tout à coup, on voit sur le côté de la route, perchés sur une terrasse en hauteur, 2 paires de bras qui s’agitent dans notre direction. Wynona et Lukas ! Ça alors ; on imaginait bien les recroiser un de ces jours, mais ici… Pas le choix ; on s’arrête alors qu’on était vraiment dans les starting-blocks. Tant pis. Trop contents de revoir nos amis belges. Alors on pose notre énergie dans nos sacoches et on monte les rejoindre pour partager un petit thé ainsi que nos aventures des derniers jours. Eux, descendent vers Sarandë et aujourd’hui ils ont programmé un vol en parapente depuis la montagne. On devrait se croiser, nous sur le bitume et eux virevoltant dans les airs.

Malgré la joie de nous rencontrer, on décide de ne pas trop traîner et on se dit au revoir en sachant qu’on se reverra tôt ou tard, peut-être même plus tôt que plus tard. Et c’est parti pour l’ascension. Cette fois, on y est, il y a de bonnes rampes, mais la montée est plutôt régulière. Le maître mot est « gestion ». On est attentif et on ne se met pas dans le rouge, on en garde toujours sous la pédale. Nous sommes vigilants à bien nous hydrater et à manger régulièrement. À chaque virage, on s’élève un peu plus, profitant d’une hauteur de vue toujours plus impressionnante. Au loin, l’île de Corfou qu’on voit depuis plusieurs jours. Et puis cette mer ionienne qui semble infinie. On imagine l’Italie pas très loin.

L’ascension se passe vraiment bien et est même égayée par la présence d’un chanteur pop qui tourne un clip sur les pentes du col. Alors ça, c’est drôle comme situation. Il a une grosse auto, il se la pète un peu et une équipe de tournage s’agitent avec la tranquillité habituelle des albanais. Pendant ce temps, nous, on transpire. Le décalage est assez rigolo. 

Au bout d’environ 2h30, on en voit le bout. Content d’avoir monté nos bicyclettes jusque-là, on profite un bon moment de la vue. On fait quelques photos souvenir, puis on se prépare pour la descente. Cache-col, coupe-vent, manchettes… s’agirait pas de baiser une « enrhumure ».

Et nous voilà dans la descente. Pfiouuu ! Il fait frais de ce côté-là. Et puis la vitesse fait pleurer les yeux. Ça va vite. Heureusement, juste avant la descente, on a pris la précaution de revérifier les freins. Alors on se lance, confiants, dépassant par moment les 80 km/h ! Et puis au bout de quelques minutes, dans des paysages absolument somptueux, la pente et la vitesse se calment, la température s’adoucit et on aperçoit tout au loin la mer. Fin d’étape tranquille et apaisante. Arrivée à Orikum. Une petite ville à taille humaine, une rue principale, une architecture un peu vieillotte. L’endroit semble mystérieusement épargnée par la folie bétonnière de l’industrie touristique.

On va se reposer ici quelques jours. Wynona et Lukas nous ont conseillé un appartement tranquille ; chez Anita. On profite de leur recommandation et on pose nos bagages là, pour quelques jours, le temps de prendre des décisions pour la suite et nous reposer . C’est aussi l’occasion de prendre du temps pour écrire et se souvenir de tout ce qu’on a vécu ces derniers jours. L’accueil d’Anita est une nouvelle fois incroyable. Nous payons l’appartement une bouchée de pain, une dizaine de euros par nuit et notre hôte nous amène sans arrêt à manger : petit déjeuner, repas de poisson frais, des fruits, des pâtisseries, etc. L’endroit est parfait pour se reposer et puis la ville est calme. Il y a la plage ainsi qu’une réserve ornithologique exceptionnelle. C’est elle qui explique le peu de construction et la préservation du littoral. Le soleil illumine le balcon de notre logement du matin au soir. La petite ville nous convient bien, sans artifice. On trouve ça beau. On en profite pour mieux sentir la vie ici et aussi pour ne rien faire. Maintenant, reste à savoir ce que nous allons faire… Saurons nous nous tenir un peu tranquilles ? Allons-nous de nouveau être pris de cette frénésie d’avancer ? Pourrons-nous le faire ? 

La suite au prochain épisode…

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Commentaires: 2
  • #1

    NIBOU (lundi, 07 décembre 2020 19:30)

    C'est toujours aussi agréable de voyager à travers vos photos et vos récits. Merci les copains ! Des bises bien chaleureuses !

  • #2

    Camille et Julien (dimanche, 10 janvier 2021 16:33)

    Merci Nibou. Et bonne année à toi et tes Sourriseau(x)!