Excursion dans la vallée de la Sava et retour à Ljubljana - Km 3903,02

Et oui, nous revoilà à Ljubljana. Après un savoureux petit tour de quelques jours du côté des lacs de Bled et de Bohinj. Le soleil est revenu et on se laisse chauffer en essayant de prendre des réserves de chaleur pour les mois à venir. La journée est bien agréable, les gens ont le sourire, tout se passe pour le mieux. On reçoit même des klaxons d’encouragements et des signes amicaux de gens au bord de la route. Avant-hier, Camille a à son tour cassé un rayon et le temps d’un café ce matin, il est réparé ! Efficace. Maintenant nous attendons la carte Sim qui se fait légèrement attendre… Ce serait bien qu’elle se presse un peu d’atterrir dans la boîte aux lettres de Eva ici à Ljubljana, Parce qu’il faut bien le dire, on commence à avoir des fourmis dans les jambes et une envie assez pressante de descendre vers le sud pour rejoindre la côte Adriatique. Bon, il faut dire que ce temps à attendre n’a pas été perdu. Ça provoque même de nouveaux projets. D’abord, celui de nous reposer un peu et puis l’idée d’aller faire un tour vers le nord pour découvrir ces deux lacs - Bled et Bohinj - qui font la fierté touristique de la Slovénie. Superbe journée à promener nos bicyclettes par là-bas. Nous sommes passés par toutes les températures et tout un tas d’ambiances. La vallée ne permettant pas de faire un circuit, nous nous sommes lancés dans un aller retour « Ljubljana-Bohinj-Ljubljana » ; mêmes initiales que « Liège-Bastogne-Liège » qui se courait le même week-end et qui a vu un slovène (Roglič) s’imposer au nez et à la barbichette d’un fier français qui arborait pour la première fois son maillot arc-en-ciel (Alaphilippe). Pour nous, pas de concurrence et nulle compétition. On en profite pour prendre notre temps. Pas question non plus de sprinter et encore moins de faire de vagues...


Retour en arrière, donc, sur cette courte et somme toute agréable excursion dans la vallée de la Sava. Départ de Ljubljana lundi 5 octobre. C’est la pluie qui nous embête. On fait une sortie de ville un peu poussive car de grosses averses viennent nous surprendre de temps en temps. On s’abrite et on patiente dans des halls d’immeubles. La ville, c’est assez commode pour s’abriter. La pluie se calme alors on repart, traînants nos roues dans les flaques de la périphérie urbaine. Assez vite, on se retrouve en campagne. On découvre qu’une voix cyclable quasi aménagée et à l’écart des grands axes nous conduira directement aux deux lacs ; c’est chouette. Et en plus, c’est beau. On commençait à en avoir un peu marre des autos. Juste avant Kranj, on s’arrête au bord de la route pour pique-niquer dans une cabane de vente de pomme fermée. Un léger rayon de soleil nous réchauffe les orteils, c’est parfait. Petit café à Kranj et en route vers les montagnes. C’est plutôt plat et c’est très bien comme ça. On roule tranquillement tout l’après-midi. En fin de journée la pluie s’invite. Elle n’est pas très intense alors on continue à pédaler. C’est comme ça qu’on arrive au lac de Bled avec son île en son milieu où se dresse simplement une petite église. Comme un fruit sur un bout de gâteau disent les Slovènes. On ne s’éternise pas car je vous rappelle que quand il pleut, le cycliste n’aime pas trop s’arrêter. D’autant plus qu’on sait que normalement, dès le lendemain on repassera par là. Avec le beau temps, espérons… Pour l’heure et avec cette météo de chien mouillé, la luminosité est faible et à 16h30 on a l’impression qu’il fait déjà nuit. On fait encore quelques kilomètres et on négocie un petit bout de terrain privé afin de passer la nuit. Nous sommes à une petite vingtaine de kilomètres de Bohinj et nous dormons bien malgré les trombes d’eau qui s’abattent sur notre toile de tente. Heureusement, aucune fuite à déclarer. On repart le matin dans une brume mystérieuse et d’une belle épaisseur. On roule un peu au ralenti, les bouts des doigts sont glacés et on imagine les grandes montagnes censées nous entourer. Pourtant on ne voit rien, que la route et quelques camions qui nous doublent sagement. On aperçoit des clochers, puis les séchoirs traditionnels dans la vallée. Petit déjeuner au bord du chemin, au frais de la rivière et on repart avec l’énergie et la pesanteur d’un bon repas. On arrive rapidement à Bohinj. C’est magnifique. On est seuls. L’humidité est forte et c’est tout couvert. On confond l’eau du lac et les nuages. On reste là quelques heures à contempler l’immobile spectacle. À un moment, petit à petit, les sommets se dévoilent. Un seul d’abord puis un autre. Le second se recouvre. Deux autres s’allument un peu plus loin. Un bout de ciel bleu, un rayon de soleil. À gauche, une éclaircie nous permet d’apercevoir le sommet du téléphérique. On regrimpe sur nos bicyclettes et on longe le lac par le sud. On aurait aimé passer par le nord, plus sauvage, mais le petit chemin de randonnée n’autorise pas le passage des vélos. D’ailleurs on ne tarde pas à voir quelques randonneurs arriver. La route par le sud est déconseillée par les guides touristiques car très passante. Bah oui, mais là c’est plus l’été alors on est bien, paisible, aussi tranquille que si on faisait « Fénéry - Neuvy-Bouin » un dimanche matin d’automne. Le temps d’arriver à l’autre bout (4 km), le lac s’est découvert et nous offre son magnifique tableau. En entier cette fois. C’est fou ce grand lac coincé entre ses imposants blocs de roche. On profite, on contemple, on pense à rien.


Le retour est tout aussi savoureux. On découvre ce qu’on avait maladroitement imaginer le matin. La vallée est grandiose entourée de belles et fières montagnes. Au bord du chemin, des pâturages où de sympathiques vaches profitent de leurs privilèges à ne rien foutre de toutes leurs journées… Pour nous, c’est troublant et plaisant de faire ce retour qui nous offre une vision radicalement différente du paysage. Vraiment, pas déçus du demi-tour !


Bon, c’est beau de rêvasser, d’admirer, de philosopher… Mais la météo elle, elle dit qu’il fera pas beau du tout cette nuit et que ça sera la même une bonne partie de la journée demain. Alors, on appuie un peu plus sur les pédales et on envoie un message à Eva pour lui dire qu’on sera de retour dès ce soir à Ljubljana. Pas de bol ; ils ne peuvent pas nous accueillir alors on ralentit le rythme et on essaie de trouver quelque chose du côté de Kranj. On s’arrête à l’auberge de jeunesse mais elle est complète. Tant pis, on pousse un peu plus loin et dans un petit village juste après, on passe devant une sorte d’exploitation agricole. Un sourire nous est envoyé depuis une belle vieille dame. On entre dans la cour et on s’arrête. À peine le temps de balbutier quelques mots dans notre anglais qui se perfectionne de jour en jour qu’un garçon botté nous embarque à travers l’exploitation. On a presque du mal à le suivre avec nos encombrantes bicyclettes ! « Warm place, sleep warm ! No paiement ! Come with me ! » ; Pas le temps de dire un mot qu’on se retrouve dans une serre au milieu d’infinies rangées de chrysanthèmes. Le jeune Rudy-Jean (c’est sûrement pas ça son prénom, mais on a pas bien compris…) nous explique que nous sommes dans une exploitation de choux, de pépinières et de quelques autres fleurs dont les fameux chrysanthèmes prêts à être dégainés pour la Toussaint qui approche. Il nous montre les commodités et nous fait savoir que nous pouvons rester autant de tant que nous le souhaitons. On installe alors quelques cartons au sol, nos matelas, puis nos duvets et on s’apprête à faire la popote quand trois gamins, le sourire jusqu’aux oreilles, arrivent avec un plateau. Deux énormes parts de gâteau et des tisanes toutes chaudes. Ça réchauffe, ça fait du bien et on est contents d’avoir un bon dessert pour ce soir. Faut dire qu’on ne dort pas pareil avec un gros gâteau dans l’estomac ; les rêves sont bien plus caloriques !


La nuit passe. Des trombes d’eau tambourinent le plastique de la serre. Nous, dessous, on est bien au sec entre les sacs de terreau et les plantes. Au petit matin, le jour se lève mais sans soleil. Le père des garçons arrivent avec un copieux petit déjeuner : charcuterie, miel, café, et… mousse de foie ! Il nous explique que la météo ne va pas s’arranger. La pluie continue de s’affaler sur la serre et ça ne s’arrêtera pas avant 14 heures. Nous décidons alors de rester une nuit de plus profitant de cette accueil généreux. On en profitera pour rattraper notre retard dans la rédaction de notre carnet de voyage. La journée passe. On flâne dans les grandes allées de serres, on joue de la musique aussi. Ça réchauffe et c’est plaisant de musiquer dans ces lieux insolites. Les ouvriers agricoles qui travaillent autour de nous semblent apprécier.


Ce matin, on repart sous un ciel couvert. Plus de pluie mais un froid cinglant. Une sorte d’avertissement envoyé par l’hiver qui approche. On profitera d’ailleurs de notre arrivée matinale à Lubiana pour acheter une meilleure paire de gants pour Camille. Le reste de la journée sera consacrée à de la procrastination, de la bronzette en terrasse et du farniente au bord de la Ljubljanica. Le soir, on mange indien dans la très vivante Trubarjeva Cesta pas très loin d’une auberge un peu miteuse dans laquelle on a posé nos sacoches. Tout va bien, la vie est belle. Pas vraiment facile de stresser dans des conditions pareilles…

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Commentaires: 2
  • #1

    RUAULT (vendredi, 09 octobre 2020 15:00)

    Et bien ça envoie du rêve !
    Les textes et les photos magnifiques donnent presque l'impression de pédaler avec vous, mais c'est juste une impression..!
    Une bien belle idée ce voyage.
    Des bisous sur vos joues fraîches.
    Framboise

  • #2

    Cécile OP (mercredi, 14 octobre 2020 23:06)

    Coucou,
    Vous nous donnez pleins d'envies de voyages pour changer de notre p'tit bout de route de Gâtine "Fénéry - Neuvy-Bouin", qui même en été, n'a jamais pu être concurrencée les embouteillages du périph' ! A si, peut-être un jour de Nombril du Monde !
    Derrière mon écran je m'évade à la lecture de vos récits, des montagnes et des lacs qui vous entourent, des rayons de soleil qui vous réchauffent, des pluies qui s'abattent sur vous alors que vous n'êtes même pas sous votre petite toile, mais bien au chaud telles de belles plantes vigoureuses, et des réveils à la charcuterie. Merci et bravo !
    Avec toutes ces montées (et quelques descentes), je me demande quel est la taille de vos mollets !!!
    Je vous embrasse.