Ljubjana, pause en capitale slovène. - Km

Depuis trois jours et notre passage par Jarenina, nous sillonnons les routes de la Slovénie en suivant avec confiance et application les conseils d’Ana et Antón. Magnifique ! On dévore les paysages, on vire et on passe dans plusieurs vallées du Nord du pays. C’est majestueux. On sent bien qu’on flirt avec les Alpes. On ne se fait d’ailleurs pas toujours de cadeaux au niveau du dénivelé et des températures.


Pour commencer, on quitte la ferme d’Antòn à Jarenina, cette belle ambiance amicale et cet espace libre propice au repos. Nous prenons la direction de Maribor où on s’arrête siroter un doux café sous un chaud rayon de soleil slovène. Profitons-en ! Et puis c’est parti pour une longue journée. Nous devons changer notre façon de naviguer car ici pas de voies cyclables. Il faut faire nos propres choix et ce n’est pas plus mal. On compose principalement avec le relief en suivant les vallées ; il faut pour ça partager la route avec les voitures et les camions. Ça demande une nouvelle concentration qui s’ajoute à l’énergie mise à pédaler. On ne se sent pour autant pas en danger et avons même la sensation d’être un peu plus dans le vrai. Les eurovélos et autres pistes suivies jusque là  avaient l’avantage d’être très tranquilles, même un peu trop à notre goût. Elles avaient surtout une fâcheuse tendance à faire éviter chaque bourg et village, sans doute pour des questions de sécurité. En tous cas, nous, on avait l’impression de louper certaines choses... Là, au moins, c’est pas pareil, on voit du monde, on voit la vie se faire et c’est bien agréable.


Au terme de cette journée, on traverse la jolie cité de Celje sous un soleil tombant qui ajoute du charme au moment. Nous poursuivons notre chemin encore une dizaine de kilomètres pour nous installer dans le petit kamp de Latkova Vas. Nous commençons à prendre l’habitude d’être assez tranquilles dans les campings, voire carrément seuls. Bientôt, ils seront même sans doute fermés. Dans celui-ci, nous trouvons quand même un couple d’allemandes randonneuses tout à fait sympathiques qui enchaînent bières, cigarettes et bouteilles de rosé. On discute avec celles-ci tout en avalant notre couscous-thon cuit au camping gaz. Après une petite session de mécanique à la frontale pour régler les dérailleurs et lubrifier toutes les pièces relatives à la transmission, on profite d’une bonne et fraîche nuit de sommeil. 


Réveil matinal au son des engins de chantier sur le rond-point voisin. De notre côté, nous prenons le temps d’un copieux petit déjeuner fait de muesli, pâte à tartiner, fruits, pain, etc. Il faut bien ça pour pédaler sans risquer la fringale. Le petit plus depuis Vienne, c’est le lait en poudre qui permet de donner un peu plus de tendresse au muesli et de faire de bonnes purée mousseline pour le soir. Merci « Honzo » ! 


Le kamp est situé au bord de la rivière « Savinja ». Notre itinéraire du jour sera des plus simples : remonter cette dernière jusqu’à sa source dans la vallée glaciaire de Logarska Dolina. On empreinte des routes plus tranquilles, moins fréquentées et on en prend plein les yeux toute la journée. Au niveau du relief, c’est un long faux plat montant tout au long de la journée. Ça tire un peu sur les cuisses mais c’est vite oublié quand on arrive au bout de la route, au beau milieu de gigantesques montagnes toutes blanches de neiges éternelles. Ce paysage imposant fait de nous de tous petits cyclistes, minuscules au centre de la froide vallée. Ah oui, il fait pas bien chaud du tout. On a même vraiment froid, surtout lorsqu’on doit faire demi-tour pour trouver un coin où planter notre tente. C’est un truc du vélo ça ; les températures ne sont pas vraiment les mêmes si on monte ou si on descend. Alors on ajoute des couches jusqu’à enfiler les gants longs ! On s’arrête assez rapidement au kamp de Luče où nous sommes encore seuls, sans doute les derniers campeurs de la saison. C’est assez rigolo, on choisit notre place, on squatte les tables et les abris du kamp, on passe une bonne soirée à jouer au yams ou encore au punto au point d’ailleurs qu’il faudra sans doute imaginer d’autres jeux car dix mois, bien que Camille aime beaucoup ces jeux, ça risque d’être un peu monotone… 


On s’équipe sérieusement car la nuit s’annonce très fraîche. Nous sommes toujours au cœur des montagnes et le soleil n’a que peu de temps pour chauffer la terre. La rivière participe aussi à cette fraîcheur. Une fois de plus, on dort bien et on repart. Toujours sur les conseils de Ana, nous prenons la direction de Kamniska Bistrica en rejoignant la rivière du même nom. Cette fois-ci, ça ne rigole plus. On entame la journée par un col avec des pourcentages sévères : 14 % au maximum. Les longues ascensions, ardues pour les mollets, offrent toujours en contrepartie un effet planant. On se met dans un état second afin de pallier à la tétanie dans les muscles. C’est long, quasi infini. À chaque lacet on se dit que c’est sans doute fini mais non, ça continue… Encore un peu plus fort. Alors on se dit que ça va être vraiment long, il faut s’y résoudre. On fait attention à chaque mouvement, restons souples. Une concentration totale sur la respiration et une gestion du coup de pédale : garder une bonne cadence permettant de conserver une allure satisfaisante et motivante. Attention surtout à ne pas se mettre dans le rouge, sinon c’est l’arrêt assuré. De temps en temps, un petit coup d’œil dans le ravin afin de générer un peu de fierté et d’enthousiasme. Et puis, à un moment, c’est la fin. Ouf ! On reprend son souffle, on prend surtout soin de bien se recouvrir afin de ne pas attraper la maladie - il ne fait pas bon tousser en ce moment - et on admire le paysage. 1060 mètres d’altitude ; on voit loin ! On entame alors un bout de descente la tête dans les nuages et on s’arrête assez vite manger près d’une petite chapelle gardée par une vache qui tinte, une génisse curieuse et un taurillon un peu niais. On traverse le champ et on s’installe là, perchés, avec cette vue incroyable à 180°. Autant en bas on était tout petit, autant en haut on se sent plus grands. En guise de digestion, une très longue et enivrante descente. Gare aux virages serrés dont on ne voit pas la sortie. Ne pas être trop sur les freins, profiter du paysage qui défile, vite ! Les kilomètres eux aussi défilent et on bifurque une nouvelle fois vers le nord. Au bout du chemin, très tranquille, nous arrivons près d’un point d’eau turquoise. Beaucoup d’eau partout, ça ruisselle, c’est transparent. On se sent près de la source. Magnifique encore une fois. Paradis des randonneurs. Campings fermés. On redescend pour rejoindre Kamnik où le camping est annoncé fermé (par Google). Heureusement, un slovène qui parle français avec un accent belge rencontré à une terrasse de café nous y dirige et nous passons une bonne nuit sous la pleine lune. Ça nous apprendra à faire confiance à l’Internet !


Aujourd’hui, nous rejoignons Ljubljana, petite ville, proprette, capitale de ce pays verdoyant. Nous y ferons halte pour attendre ma carte SIM qui devrait arriver chez la sœur d’Ana un jour prochain. On ne sait pas trop quand... Pour la première fois, on est en attente. Pause forcée. C’est bien. Alors on pose nos fesses habituées au moelleux relatif de nos selles de bicyclettes sur les chaises bien confortables d’un petit bistrot au bord de la Ljubljanica. On n’y boit quelques cafés, et une Lasko, la lager locale. Et on écrit. Journée tranquille sous ciel menaçant mais toujours au sec. On est bien et on prend le temps de poser sur le papier les souvenirs des derniers jours. Il faudra maintenant penser à la suite, à la descente vers le Sud. Fera-t-il un peu plus chaud ? Pas sûr. L’hiver arrive et on ne sait pas trop quoi en penser. Laissons-le arriver. Pour l’instant, nous sommes toujours en culotte courte sur nos vélos et les températures restent clémentes. 


La fatigue commence à se faire sentir au bout de deux mois d’itinérance. Toujours à la recherche d’un endroit pour dormir, quoi manger ? Ça fatigue l’esprit tout ça, mais pas seulement ; les corps demandent un peu de repos alors cet arrêt va faire du bien. Nous allons tâcher de chercher un endroit où nous fixer deux ou trois jours. Dormir, laisser les bicyclettes et faire autre chose. Ce sera bien nécessaire pour la suite. Tout comme la gestion d’énergie dans les dures pentes de ces derniers jours, il faut se préserver à long terme. Alors pause. On s’imprègne doucement de l’ambiance qui règne autour de nous, de la langue, des gens.

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Commentaires: 2
  • #1

    Cricri et J No (mercredi, 07 octobre 2020 19:49)

    Et ben mes loulous, en v'la du joli bazar. Très belles photos et beaux textes. Merci de nous faire voyager aussi à travers votre périple. Vous avez l'air d'être en forme !!! Alors bonne continuation et plein de gros bisous du Bourbonnais.

  • #2

    Camille et Julien (vendredi, 09 octobre 2020 15:01)

    Super d’avoir un commentaire de votre part. On voit que le blog circule et on est bien contents si vous appréciez le partage de nos aventures ! On espère que vous allez bien, on vous embrasse et on vous dit à bien vite pour raconter tout ça de vive voix... autour d’un petit verre par exemple ou d’une grande bouteille (car l’histoire risque bien d’être un peu longue). � �‍♂️�‍♀️