En roue libre - Km 2991

Nový Přerov. Il est à peine 7h, le petit camping est en plein milieu du bourg et plongé dans un calme frais et lumineux. Nous nous sommes arrêtés ici hier soir. Le ciel est d'un bleu profond, les coqs du village se livrent à une véritable joute vocale depuis une bonne heure et les voisins campeurs, couchés juste avant le premier coq nous font vibrer de leurs amples ronflements. C'est une des particularités de dormir sous la tente ; l'isolation des bruits y est nulle et on est en contact direct avec tous les sons. On est en phase avec l'environnement sonore, on l'est aussi avec les températures biens fraîches de l'automne. Pour l'instant, notre petite cahute ainsi que nos sacs de couchage font bien leur boulot et nous préservent la nuit des 4 ou 5°C extérieurs. En tous cas, on adore ça dormir sous la tente ; l'organisation commence à être bien rodée et puis quel plaisir de se réveiller chaque matin dans un endroit différent. On aime prendre le temps le matin, réorganiser les sacoches, monter et démonter la toile de tente - plus ou moins vite selon le météo du moment-, installer la chambre avant de manger. On se couche rarement très tard. À 21h, on a souvent les pieds dans nos duvets et après de bonnes journées de vélo, croyez bien qu'on ne tarde pas à s'endormir.


10 jours et quelques kilomètres sont passés depuis Bechyné, ses avions de chasse et le dernier article de ce carnet de voyage. Nous sommes remontés jusqu'à Prague puis redescendus jusqu'ici, à une centaine de kilomètres de la frontière autrichienne. Le Vltava nous a guidée jusqu'à Prague où nous nous sommes arrêtés deux jours. Visite de la ville, puis redescente en suivant l'Elbe en passant par Kutná Hora. Des campements près de lacs de pêche, des baignades, des feux pour se chauffer, des changements de température assez impressionnants d'un jour à l'autre. Au niveau du dénivelé, ça commence calmement après Prague en suivant l'Elbe. Puis on retrouve quelques grimpettes en Moravie. Rien à voir cependant avec les routes le long de la Moldau.


C'est aussi pendant ces jours de septembre que Pépé decide de s'en aller. On s'y était préparé avant notre départ, mais c'est quand même un sacré événement qui marquera notre voyage. Les longues heures sur nos bicyclettes et le calme environnant nous permettent de se remémorer tous les bons moments passés avec lui et de mesurer tout ce qu'il a su nous transmettre. On a aussi une bonne pensée pour la famille auprès de laquelle on aimerait être dans ces circonstances. L'aventure se poursuit pourtant, et c'est avec une vraie sérénité que nous continuons de profiter de ce beau pays.


Mon vélo a un peu souffert des routes escarpées le long de la Moldau et craque un dans tous les sens. Pas facile d'analyser le problème. Pédalier, cassette, moyeu ? En arrivant à Prague, le dérailleur et la chaîne commence à danser et "sauteliter"... Rien de très bon. C'est sûr, le problème se situe au niveau du moyeu arrière. Je peux toujours rouler, mais c'est pas très confortable. Après avoir visité 4 ou 5 ateliers et magasins de vélo qui n'ont pas les pièces pour réparer, on décide de poursuivre notre route en espérant croiser un "bici-servis" dans la campagne. Au final, je vais rouler 200 kms avec cette roue qui ne veut pas laisser la chaîne se reposer. C'est là qu'on mesure qu'un vélo c'est quand même une sacrée invention. C'est génial quand on y pense ce coup de pédale qui fait faire 3 ou 5 mètres. Et puis cette roue libre qui fait que quand on s'arrête de pédaler, la bicyclette continue d'avancer...  Bon, eh bien là, c'est précisément ça qui ne fonctionne plus.


On arrive à Brno, capitale de la Moravie du Sud. On est vendredi et c'est un couple de cyclistes-voyageurs, Mira et Lenka, qui vont nous accueillir chez eux ce soir. Il nous offre une bonne douche chaude, un excellent repas, un canapé pour dormir et une lessive. Tout ce dont ont besoin des cyclo-voyageurs comme nous en fin de journée. On discute avec eux et j'en viens à évoquer les soucis mécaniques de ma bicyclette. Ni une ni deux, Mira "textote" son voisin qui semble s'y connaître. Quelques minutes plus tard, il débarque avec femme et enfant dans le petit appartement et ils nous font déguster le vin nouveau... Avec le voisin et Mira, nous partons en auto direction le Décathlon de Brno à 5kms de là. Ce n'est pas fructueux ; le mécano n'a pas les outils pour démonter la cassette et n'a pas non la pièce adaptée... Une cassette 7 vitesses, ça s'avère ne pas être si fréquent. Le voisin sort son téléphone, prend des photos de ma roue, passe des coups de téléphone. Ah oui, j'ai oublié de préciser qu'il est 21h et qu'il fait bien nuit dehors. On remonte dans l'auto et ils m'expliquent qu'un de leur copain a sûrement une cassette adaptée. Par le périphérique, on se retrouve vite en banlieue, dans un petit garage où deux jeunes ont installé un atelier. Un vélo de course est suspendu à un pied de réparation et les murs sont couverts de pièces et d'outils dans un bazar qui semble très organisé. En quelques minutes, la roue est démontée, le moyeu nettoyé et généreusement lubrifié, une cassette neuve installée. Pendant ce temps Camille est restée dans l'appartement avec Lenka et la voisine. Elle en profite pour sortir et jouer un peu de violon. Je reviens avec ma roue réparée et munie d'un développement légèrement plus petit qui m'obligera à être un peu plus costaud dans les côtes. Les voisins repartent, la roue est remontée sur le vélo. Pas le temps de tester, on verra ça demain... Nous nous couchons pas trop tard car Lenka et Mira ont aussi prévu une journée vélo le lendemain. Après avoir fait quelques provisions, une petite balade dans Brno, un passage près de la cathédrale et un bon cheesecake au très chic Momenta Café où nos voisins de table arrose le petit déjeuner au champagne, nous repartons en direction de l'Autriche et de sa capitale. Le vélo craque toujours autant mais la roue libre est de nouveau libre et c'était bien là la réparation la plus urgente. Le réparateur l'avait précisé : "it's better but not perfect...". Je sais maintenant qu'il faudra que j'envisage aussi une réparation au niveau du pédalier. Mais pour l'instant, ça tracte, alors en avant !


Nous suivons toujours l'eurovélo 9 et faisons halte à Nový Přerov. Toute la journée nous aurons rarement perdu de vue la grosse montagne près du lac formé par la rétention d'eau de la rivière "Dyje". Plus loin se trouve Mikulov accoté à la grosse montagne qu'on aura sagement contournée ; sa synagogue et son château perché au loin.


Demain, nous devrions quitter la République Tchèque et franchir la frontière pour l'Autriche - acte 2 !

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Commentaires: 2
  • #1

    Isa Talbot (dimanche, 27 septembre 2020 19:14)

    Ha vous me faites voyager ! Je viens de pédaler sur les bords du Danube en vous lisant (mais atterrissage forcé sous le ciel gris de Parthenay en fin de lecture). Quelle aventure pleine de rencontres ! Bonne route à vous 2.

  • #2

    Camille et Julien (vendredi, 09 octobre 2020 15:04)

    Merci Isa pour ton gentil message et tant mieux si ça te plait. Si on peut te consoler, on a aussi de la grisaille et de la pluie par ici... Des bises et à très bientôt ! �‍♀️�‍♂️