Straubing, pique-nique, crevaison et premier réveil au bord du Danube - Km 1985

Pause déjeuner dans un parc. Venons juste de passer les villes de Bogel et un peu plus avant, Straubing. Enfin le soleil fait son apparition et il nous fait du bien après 5 jours de pluie et d'humidité. On a fait une pause à Herrnsaal : une journée entière sans pédaler. On y a dormi dans une grange aménagée en petites chambres ; juste deux planches pour les murs, de la paille au sol et un rideau. Les nuits commencent à être fraîches mais on s'équipe en conséquences et ça se passe bien. Cette journée "off" nous fait le plus grand bien. Elle permet de se reposer, de dormir un peu plus le matin, de refaire l'organisation des sacoches. On profite aussi de la cour de la ferme pour nettoyer nos bicyclettes qui en avaient grandement besoin après ces jours de pluie. Les vélos, ils n'aiment pas trop ça le pluie et encore moins la boue.


C'est assez agréable de s'arrêter, de faire une vraie pause, de dormir deux fois dans le même endroit, même si dès le lendemain matin on a des fourmis plein les jambes et une seule envie ; sauter sur nos bicyclettes pour rejoindre Regensburg à 30 kms de là. On décide d'adopter une allure tranquille, le genou de Camille va beaucoup mieux mais on préfère partir sur un rythme modéré, andante, afin de ne pas perdre tous les bénéfices de cette bonne pause.


Regensburg (Ratisbonne en français). C'est une sacrée jolie ville située en plein cœur de la Bavière dans le district du Haut-Palatinat. C'est une des plus belles villes allemande qu'ils ont dit à l'office du tourisme. La météo par contre, elle n'est pas encore formidable. C'est tout gris. Alors on se promène dans la ville, on récupère une carte pour repérer les endroits à voir. Avec la pluie et l'humidité, on aime pas trop rester sans pédaler, et puis visiter une ville en poussant une encombrante bicyclette de 30kg, c'est pas forcément l'idéal. En plus, ça fait pas bien chaud. Mais, étant des gens malins et plein d'idée - vous n'en doutiez pas - nous nous mettons à l'abris dans une micro-brasserie de la ville. On s'y donne du courage en commandant deux belles pintes de Weissebier avec leurs épaisses et généreuses mousses. Ça nous relance, toujours à un train tout doux. Dire que ça nous a réchauffé, pas sûr... On aurait pu prendre une tisane mais nous ne voulions pas inquiéter tata Sylvie.


Le soir on se met en quête d'un lieu pour le bivouac. On tente d'aborder les gens, d'y aller un peu plus directement mais sans grand succès. Une bonne dame, d'un certaines âge, caniche en laisse dans une main et parapluie dans l'autre essai avec une certaine acrobatie de nous expliquer qu'elle connaît un lieu pour dormir. On croit d'abord qu'elle nous emmène chez elle... On finira par suivre ses explications gesticulées et se retrouver au beau milieu d'un champ de maïs... 1er essai : raté.


Plus loin, dans un autre village, on retente notre chance. Il y a quelques personnes dans les rues mais les Allemands n'ont pas l'air très enthousiastes à l'idée qu'on plante la tente dans leur jardin. Tant pis, la pluie continue de s'intensifier, on finit par s'installer en deux temps trois mouvements sur les berges du Danube.  Malgré notre rapidité, l'intérieur de la tente se retrouve un peu mouillé. Ce n'est pas très grave et ça ne nous empêche pas de passer un bon moment.


Il est donc 18h30, nous sommes sous la tente, les vélos attachés à un arbre avec les sacoches, le tout recouvert par la ravissante et indispensable bâche bleue. L'eau chauffe sur le camping-gaz pour la semoule pendant qu'on se livre à une partie acharnée de Yams. Un petit morceau de saucisson là-dessus et on se dit qu'il faut vraiment pas grand chose pour faire une bonne soirée. À 20h, on s'endort en entendant les vrombissements des gros bateaux sur le Danube. Plus nous avançons, plus on voit de la circulation sur le fleuve. Il faut dire qu'il prend ses aises le pépère, de plus en plus large devenant par endroit assez impressionnant. Au réveil, le spectacle est magique. Le soleil fait rougir le Danube, un pêcheur est là, pas très loin de notre campement. Il a dû passer la nuit ici. Il est tout juste 6h et les premiers cyclistes passent déjà sur la vélo-route. Il y a quelques voyageurs comme nous, mais aussi des travailleurs et des sportifs. Le cycliste est une espèce assez variée et intéressante à observer. La plupart nous saluent d'un sympathique geste de la main agrémenté d'un sourire qui semble dire : "vous n'avez pas dû avoir chaud les petits cocos cette nuit sous votre guitoune, mais vous avez quand même un sacré bol de vous réveiller ici parce-que c'est sacrément beau..."


Hop ! On remballe. Eh oui, ça a un côté répétitif cette histoire. Il va falloir s'y habituer. Un grand thé, un bout de pain et quelques carreaux de chocolat dans le gosier ; nous revoilà en selle. 7h35, là il fait pas chaud du tout. Ça goutte au bout du nez, les doigts sont un peu glacés et prennent la même couleur que le Danube pour Camille. Pour le reste, ça va. Les jambes se réchauffent toutes seules et assez vite avec le mouvement et le haut du corps est recouvert de multiples couches de maillots,  polaires et imperméables... Il faudra quand même investir assez rapidement dans de bonnes paires de gants longs.


Dans la matinée, les degrés remontent petit à petit et on l'apprécie. C'est là qu'on traverse Straubing qui est un petit coup de coeur. C'est un super joli village avec une atmosphère qui nous plaît bien. On y mange un gros gâteau, un café et on fait quelques provisions de bretzels pour le soir. Même ma roue avant s'y sent bien, tellement bien qu'elle décide de percer juste avant la sortie du centre-ville. On fait une bonne équipe avec Camille et on répare rapidement à l'aide d'une rustine. Pendant le temps de la réparation, plusieurs cyclistes du coin nous indiquent une boutique de vélo pas très loin de l'endroit où nous sommes. On sent, même si on n'en doutait pas, qu'il existe une sacrée solidarité chez les cyclistes. Quelques minutes plus tard, après avoir réinstallé toutes les sacoches sur le vélo - eh oui, obligé de tout enlever quand on crève - nous repartons. 


Bien qu'on rencontre de jolis villages, depuis quelques jours la route est assez monotone. On traverse beaucoup de cultures céréalières. Il nous arrive de longer l'autoroute, beaucoup le chemin de fer. Alors on en profite pour laisser aller nos pensées, on pense au chemin parcouru, à la rentrée qui approche, à ce qu'on pourrait faire en revenant, à rien. On chante beaucoup, on se focalise pendant des kilomètres sur un petit couinement sur le vélo, ça agaçe puis on s'y habitue et puis il disparaît. On se demande où on dormira ce soir, ce qu'on va manger...


Aujourd'hui, le soleil est revenu et nous avons profité de cette pause déjeuner pour faire sécher la tente et quelques affaires. C'est l'occasion de se reposer un peu, d'écrire avant de repartir. Prochain objectif : Passau.

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