Après le vent, la pluie... - Km 1830

Neu-Ulm - Ingolstadt, 22ème jour. Une journée épique...


Le matin, avant le départ nous étudions rapidement sur nos téléphones les cartes et l'itinéraire. Camille sur les guides de l'Euro vélo 6, moi sur l'application maps.me. Nous tombons d'accord pour mettre le cap sur Ingolstadt. Ni une ni deux, on se lance à contacter des "warmshower" pour le soir. Après 7 ou 8 messages envoyés on se met en route. Assez vite, l'un d'entre eux : Marc, nous répond que c'est possible pour lui. Super !


Au fil de la journée on déchante un peu en voyant que la distance est beaucoup plus longue que celle que nous avions imaginé et évalué à vue de nez sur nos cartes. De toute manière, il pleut. On est déjà très sales et on a dit à Marc qu'on venait. Alors pas le choix, on roule. On roule même à un bon train car on sent déjà que la journée va être longue...


Heureusement le vent nous est plutôt favorable. Les kilomètres passent, on en voit jamais le bout. La pluie, les kilomètres, la boue... Tout ça rend le cerveau un peu endormi, rêveur. Attention, il faut rester bien concentrés car l'itinéraire que nous empruntons demande parfois quelques qualités de pilotage. On se méfie des lignes blanches et des bouches d'égouts qui pourrait s'avérer glissantes. La pluie dégouline sur nos visages, nos jambes ne tardent pas à être recouvertes complètement par la boue... On se trouve dans une sorte d'état second ne pouvant pas nous arrêter trop longtemps au risque d'attraper une bonne "enrhumure". On passe sans arrêt de routes bitumées à des chemins blancs, parfois même pavés. L'esprit se met donc à rêver, à fantasmer. Je ne peux m'empêcher de penser aux après-midis vélo devant la télé, aux Paris-Roubaix en famille à la maison, les victoires de Tom Boonen, les attaques incroyables de Cancellara, Van Petegem ou encore Julian Alaphilippe sur les Stradi Bianche. Je ne peux évidemment pas vous cacher que je m'y crois un peu... Au terme de l'étape nous aurons 156 kms au compteur. On finit dans la nuit et cette journée difficile est récompensée par l'accueil incroyable. 


Marc est un étudiant américain qui fait ses études à Ingolstadt. On a pas tout compris, mais on pense qu'il doit être ingénieur ou quelque chose comme ça. Son petit appartement (25 m²) est rempli d'inventions. Notre arrivée est clairement chaotique. Nous entrons dans une résidence très propre avec toutes nos sacoches absolument pleines de boue. On est un peu gênés, un peu "bedassous". Mais on repère vite le sourire et l'air amusé de notre hôte. Ça va le faire ! On se retrouve vite sous la douche. Quel bonheur... On laisse toutes nos affaires dans le couloir. Marc nous a préparé à manger, une excellente salade avec du riz des oignons du houmous bien "spicy". Ça réchauffe les corps et ça régale les estomacs. On utilise la machine de la résidence pour faire une lessive. Il se trouve qu'elle est très utilisée par les résidents alors dès qu'elle est libre, il ne faut pas louper le coche. Je me lève dans la nuit pour transférer le linge dans le sèche-linge. Au petit matin, tous nos vêtements sont chauds et sentent bon la lessive. C'est super.


Marc nous propose de cuisiner des pancakes. Bien sûr nous acceptons et ce petit-déjeuner sera l'occasion de discuter davantage avec notre hôte. Vers 10h, on part. Marc tient à prendre sa bicyclette, malgré la pluie, pour nous accompagner sur les premiers mètres de notre nouvelle étape. On s'arrête à une station de lavage auto pour laver un peu les vélos mais sans succès. Tant pis, on va rouler comme ça aujourd'hui. De toute manière la pluie est encore au programme.


On décide de démarrer doucement pour récupérer de la journée de la veille. On gardera ce rythme cool tout au long de la journée. La pluie est toujours là mais un peu moins forte que la veille. Dès qu'elle s'intensifie, nous nous mettons à l'abri. Le Danube nous offre des paysages sublimes et la pluie un peu fraîche provoque des jeux de lumière assez fantastiques au-dessus des forêts. On voit au loin des espèces de grappes d'eau tombant sur les sapins, en suspension au-dessus des arbres. Parfois on se trouve juste en dessous ; pas de bol. On essaie de caler notre rythme sur celui des nuages et ça marche plutôt pas mal. On trouve toujours des abris au bon moment et cela nous permet de découvrir des lieux touristiques de 3e plan tel que le tunnel à la sortie d'Ingolstadt, l'abribus dans le bourg de Pforrïng, la boulangerie de Vohburg ou encore la buvette du foot à Weltenburg.


La fin de la journée est marquée par une petite douleur au genou pour Camille et une petite chute sans gravité pour moi. Ces alertes nous font prendre conscience que la fatigue s'installe. Pas étonnant après la grosse journée de la veille. Nous décidons de nous arrêter à Herrnsaal, quelques kilomètres après la ville de Kelheim. On y a repéré un camping à la ferme avec des petits box aménagés pour les cyclos-voyageurs. Ce soir, on dort donc sur la paille et pour nous c'est un véritable luxe ! On y est pas mal du tout, au sec et on risque d'y rester une journée pour récupérer des efforts des derniers jours.


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Commentaires: 4
  • #1

    Dédette (mercredi, 09 septembre 2020 12:42)

    Je me régale à vous lire. Continuez bien votre périple et beaucoup de bises virtuelles

  • #2

    Camille et Julien (vendredi, 11 septembre 2020 19:26)

    Super que ça te plaise. On te fait aussi des grosses bises !

  • #3

    J'y baraton (lundi, 14 septembre 2020 12:48)

    Je commence à me dire que ce que vous faites est plus difficile que le tour de france finalement �. C'est vrai, ils ne font que des moitiés de journée eux !! Pour moi c'est bien je suis attentivement les 2 façons de faire du vélo ! Bonne route à vous.

  • #4

    Camille et Julien ��‍♀️ (mardi, 15 septembre 2020 13:08)

    Merci Jean-Yves ! Ça fait plaisir tes petits messages. C'est vrai qu'on fait pas les choses à moitié ! On te bise depuis le bord de l'Elbe où on fait une bonne sieste : ça les coureurs du Tour de France, ils ne peuvent pas le faire non plus... �