Electric fever - Km 1236,22

Nous mettrons deux jours depuis Besançon pour rejoindre Mulhouse. Une bien jolie ville, à taille humaine et qui semble remplie de vie.


Ces derniers jours, c'est le Canal Rhin-Rhône qui nous a servi de fil d'Ariane. On a croisé beaucoup de pêcheurs, beaucoup de cyclistes aussi. Énormément de cyclistes avec des bicyclettes électriques... Nous en avons déjà croisé un paquet jusqu'ici mais maintenant, les vélos électriques représentent la majorité du trafic. C'est assez impressionnant et on ne sait pas trop quoi penser de cette explosion, nous qui prenons tant de plaisir à faire progresser nos machines à une vitesse raisonnable ; en appréciant chaque relief, à l'écoute de notre forme physique, en phase avec nos humeurs...


Tourisme vert qu'ils disent ? Mouais, pas sûr. On a du mal à ne pas voir une avalanche de batteries lithium sur fond de beaux paysages, agrémenté d'un gros business sur le bord des vélo-routes. On voit sur les parkings des gentilles dames et de jolis messieurs essayer leurs futurs joujoux sous le regard brillant des vendeurs... Pas sûr que ces derniers aient autant de talent à réparer une batterie défectueuse qu'à changer un rayon ou à changer un roulement de pédalier...


Plus tard, alors qu'on fait notre pause casse-croûte sur le bord du canal, on entend un tendre et doux vrombissement accompagnant un bonhomme sur son vélo. Un bonhomme droit, pas bien épais, chemisette à rayures un peu passée sur le dos, le sourire jusqu'aux oreilles et un vélo pétaradant de bonheur. Un petit moteur coincé sous le dérailleur qui ressemble étrangement à un moteur de tondeuse à gazon. Comme quoi, tout le monde n'a pas succombé au charme tentaculaire de l'assistance électrique.


Il serait intéressant de faire une étude comparative sur les deux modèles comprenant la durée de vie, les possibilités et facilités de réparation et le réemploi possible de matériaux... Sans m'avancer trop, et parce-que je n'y connais pas grand chose en motorisations, en recyclage de batteries lithium et que je ne sais pas si d'empêcher de "garocher" ces engins dans des décharges au Mali ou je ne sais où doit être une priorité ; je pense qu'on aurait raison de prendre du temps à réfléchir à toutes ces inventions (progrès ?), à leurs conséquences écologiques, à ce qu'ils nous apportent, à ce qu'ils nous enlèvent... 


Ces kilomètres et ce temps de voyage nous offrent cet espace de réflexion privilégié. 6h par jour sur un vélo ; l'esprit a tout son temps pour cogiter. Il en profite pendant que le corps travaille de manière quasi automatique pour faire avancer les bicyclettes... Alors nous allons en profiter pour poser là quelques réflexions, se poser quelques questions, peut être en régler quelques-unes qui sait...


Lithium, gasoil... Pour nous, le calcul est vite fait ! Mis à part les pneus qu'on maltraite un peu avec nos chargements et les petits chemins caillouteux, on a une consommation de carburant vraiment raisonnable. Nous estimons à vue de nez un bon 50cl de bière aux 100kms parcourus. Imbattable. Pour ce qui est des batteries, c'est à dire nous-mêmes, on s'efforce de manger le plus sainement possible afin de favoriser une bonne décomposition lorsque notre heure aura sonnée. Ça serait bête qu'on doivent nous recycler quand même...


l'Isle-sur-le-Doubs, km 1071,7. Bivouac sur les bords du Doubs. De l'autre côté le canal. Un léger courant d'eau nous donne un joli cadre pour le repas du soir. En s'endormant, on est même bercés par les doux clapotis... Non, ça c'est pas vrai ! Ça berce pas du tout et on évitera désormais de bivouaquer près d'un potin comme ça ! Fallait faire l'expérience et pour faire un bon dodo, bien jauger entre paysage, pratique et confort...


Le matin on décampe de bonne heure. Laurent, Fleurine et leurs enfants (Lila et Robin) nous accueillent à Mulhouse pour la nuit. La route se fait sereine, encore un peu plus qu'à l'habitude. On sait qu'on va être accueilli, pas besoin de dépenser d'énergie à chercher un coin de bivouac, ce qui peut parfois s'avérer un peu long... 


On arrive à Mulhouse vers 18h. Après un tour de la ville, qu'on trouve charmante, on passe une soirée bien sympathique. On reçoit un accueil très chaleureux de cette belle petite famille et c'est même l'occasion pour nous de sortir les instruments pour partager un moment de musique avec Lila qui termine sa deuxième année d'éveil musical au conservatoire de Mulhouse.


Nous repartons le lendemain matin, Laurent prend le temps de vérifier avec nous la pression des pneus et nous revoilà juchés sur nos bicyclettes, nos yeux curieux et impatients rivés sur la frontière Suisse. 


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